Hommage à Fernand et Henri

Mes deux grands-pères ont fait la Première Guerre Mondiale.
Fernand Honnorat, mon grand père maternel, Français né au Mexique, a embarqué pour la France dès qu’il a eu connaissance de l’ordre de mobilisation. Il a été enrôlé dans l’infanterie et envoyé dans les Dardanelles, où il a combattu jusqu’à ce qu’il contracte la malaria. Il en a souffert toute sa vie avec de terribles crises.
À la fin de la guerre, il retourne au Mexique avant de revenir s’installer définitivement en France au milieu des années trente. En 1939, il répond à nouveau à l’appel à la mobilisation. Il est refusé parce qu’il a plus de 40 ans et 4 enfants. Il falsifie sa carte d’identité et parvient à se faire engager dans un autre centre de recrutement. Quelques mois plus tard, son identité découverte, il sera démobilisé.
Henri Vincent, mon grand père paternel, après avoir obtenu ses deux baccalauréats, effectue son service militaire en 1911. En 1914, il est maintenu sous les drapeaux et affecté à un régiment stationné jusqu’en 1918 à Verdun. Après l’armistice il sera encore une fois maintenu sous les drapeaux, deux années de plus en Allemagne. C’est donc après 9 ans dans l’armée comme simple conscrit qu’il pourra enfin commencer sa vie.
Mon grand père maternel ne m’a jamais parlé de la guerre. J’étais trop jeune à sa mort. En revanche, j’ai eu l’occasion d’entendre mon grand-père paternel en parler. Il m’avait emmené aux cérémonies qui marquaient le 50ème anniversaire de la bataille de Verdun. J’ai souvenir d’avoir découvert avec lui les territoires qu’il avait parcourus en tant qu’estafette de son régiment. Nous avons aussi rendu hommage à ses camarades en visitant les cimetières militaires et l’ossuaire de Douaumont.
Une des remarques de mon grand père m’a particulièrement marqué. Il considérait que la Première Guerre Mondiale était la dernière guerre entre hommes où chacun avait sa chance. Devant mon incompréhension, il m’a expliqué que dans les guerres modernes les gens sont tués par des missiles tirés à des centaines de kilomètres, alors que pendant « [s]a guerre » chacun pouvait se défendre avec son fusil et sa baïonnette. Mon incompréhension était totale face aux souffrances qu’ils ont endurées.
Pendant de nombreuses années, j’ai assisté aux cérémonies du 11 novembre comme élu, pour rendre hommage à tous nos combattants et aux morts pour la France. Cette année je serai présent à la cérémonie pour leur rendre à nouveau hommage, et plus particulièrement à Fernand et Henri, mes deux grands-pères.
Je les salue et m’incline devant eux.

A propos Wilfrid Vincent

Président du Groupe La Gauche à Montrouge Ancien Conseiller municipal de Montrouge Ancien Conseiller communautaire de la Communauté Châtillon-Montrouge Ancien Conseiller général de Montrouge
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