Les 11 millions d'euros de fausses factures de la campagne de Sarkozy.
Personne à l'UMP, ni dans l'équipe de campagne du candidat, ni le candidat lui-même ne savait.
Mais qui a demandé à la société Bygmalion de faire des fausses factures?
La Commission de contrôle des comptes de campagne a jugé que les dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy étaient sous-estimées de 363 615 euros. Elle a rejeté le compte.
Le Conseil constitutionnel a confirmé la décision de la Commission mais a établi la sous-estimation des dépenses à 466 118 euros.
Ni la Commission, ni le Conseil constitutionnel n'ont vu les 11 millions de dépenses.
Cette semaine, Jean-François Copé nous le confirme, il ne savait rien des fausses factures de la société Bygmalion pour la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy.
Pourtant, selon l'avocat de la société, il y en aurait pour 11 millions d'euros. Monsieur Copé, secrétaire général de l'UMP, voit passer des factures pour 11 millions d'euros et ne s'interroge pas sur leur bien fondé. A qui veut-il faire croire cela ?
Le trésorier de l'UMP, Dominique Dord, ne savait rien. En tant que trésorier il signe les chèques, validés par quatre personnes. Mais lui non plus ne s'interroge pas quand il signe pour 11 millions d'euros de chèques.
Le trésorier de la campagne, Philippe Briand, ne savait rien. Il a appris avec consternation les déclarations de l'avocat de la société Bygmalion.
Le directeur de la campagne, Guillaume Lambert, ne savait rien non plus. Il est totalement étranger à cette affaire a-t-il fait savoir.
Le candidat lui-même, Nicolas Sarkozy, ne savait rien. Il est "très mécontent que son nom soit mêlé à cette affaire" nous dit son ami Brice Hortefeux.
Le seul qui était au courant, est Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé, qui a accepté, au nom de l'UMP, les fausses factures pour dissimuler une partie des dépenses de la campagne de Sarkozy. Jérôme Lavrilleux nous l'affirme, il n'a averti personne de ces "dérapages". C'est sûrement un grand timide.
Dans cette affaire, à écouter les uns et les autres, il n'y aurait finalement qu'une bande d'incompétents: du trésorier jusqu'au candidat. Celui-ci fait campagne pendant plusieurs mois en multipliant les réunions publiques grand format, parmi bien d'autres actions, sans jamais se demander s'il a l'argent pour les financer et si son compte de campagne reste dans les limites de la loi.
Son directeur de campagne, son trésorier de campagne, les responsables de l'UMP ne se posent pas plus de questions. A qui veulent-ils faire croire cela?
Et si même leur incompétence permettait de tels dérapages, il y a bien quelqu'un qui savait, celui qui a donné l'ordre à la société Bygmalion de faire des fausses factures. Qui est-ce?
Au-delà des déclarations sidérantes et incroyables, au sens propre, des déclarations des responsables UMP, l'affaire des fausses factures de la campagne de Sarkozy soulève une autre question, celle du contrôle du compte de campagne de Nicolas Sarkozy par la CNCCFP, Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques, et par le Conseil constitutionnel.
La CNCCFP a pour mission de contrôler la légalité des comptes de campagne des candidats aux différentes élections. Elle a, dans sa décision du 19 décembre 2012, rejeté le compte de Nicolas Sarkozy.
La CNCCFP note que sur les diverses manifestations de soutien organisées pour Nicolas Sarkozy, 11 réunions n'ont fait l'objet d'aucune dépense dans le compte de campagne et qu'aucune pièce n'a été présentée pour 91 autres manifestations. Sur ce point, la CNCCFP décide de réintégrer 27 830 euros dans le compte.
La CNCCFP constate également que les dépenses liées aux 11 réunions publiques organisées pour Nicolas Sarkozy n'ont pas été inscrites dans le compte de campagne. La Commission décide de réintégrer la somme de 25 019 euros.
Enfin, la Commission réintègre aussi 1 058 088 euros dans le compte de campagne qui ont été indûment présentés comme des dépenses liées aux élections législatives.
En tenant compte de diverses autres irrégularités, la Commission constate que le compte de campagne de Nicolas Sarkozy dépasse le plafond autorisé de 22 509 000 22 509 000 euros d'un montant de 363 615 euros. En conséquence, la Commission rejette le compte de campagne, ce qui implique l'absence de remboursement pour le candidat.
Dans sa décision du 4 juillet 2013, le Conseil constitutionnel confirme la décision de rejet du compte de la CNCCFP mais relève le montant du dépassement du plafond à 466 118 euros.
Aujourd'hui, l'avocat de la société Bygmalion et Jérôme Lavrilleux nous disent que le montant des fausses factures pour financer la campagne était d'environ 11 millions d'euros. Ces dépenses ont totalement échappé à la Commission et au Conseil.