Jusqu’où ira-t-il ?
Le député de Bagneux, Malakoff, Montrouge, Aurélien Saintoul a poussé la violence verbale de la NUPES à son paroxysme en traitant le ministre du travail « d’assassin ». Jusqu’où ira-t-il ?
Les excuses du député n’effacent pas le délire verbal auquel il s’est livré.
Le terme ”d’assassin“ n’est pas arrivé par hasard. Il est le point culminant du discours d’une grande violence prononcé par ce député. Il commence par déclarer que le ministre a menti, puis il dit qu’il y a du sang sur la politique du ministre et il l’accuse de félonie, puis il égrène le nombre de morts d’accidents du travail dont serait responsable le ministre. Avant de conclure en criant à l’assassin.
S‘agit-il d’un dérapage ?
Difficile de le croire. En effet, Aurélien Saintoul est ancien élève de classe préparatoire du Lycée Louis Le Grand. Il est professeur agrégé de lettres classiques (latin et de grec). Sa formation et son métier de professeur reposent, entre autres, sur la maîtrise de la langue, de l’expression (devant les élèves) et plus généralement de la maîtrise de soi.
La raison de cette violence verbale est plutôt à rechercher dans la volonté de la France Insoumise de cliver systématiquement, ”d’antagoniser“ la société.
La vidéo de l’intervention d’A. Saintoul
Texte de l’intervention d’A Saintoul (ci-dessous ou sur le site de l’Assemblée nationale : séance du lundi 13 février 2023)
M. Aurélien Saintoul
Vous faites mine de vous évanouir devant une pseudo-violence et vous excluez l’un de nos collègues. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.) La réalité, c’est que le parti de la violence, c’est le vôtre. C’est celui de la violence réelle et concrète : la violence sociale. Vous parlez de l’emploi des seniors, mais vous ne vous demandez jamais dans quelles conditions ils seront employés. Vous ne vous demandez jamais quel genre de travail on peut accomplir entre 62 et 64 ans sans mettre sa vie en danger. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
La réalité, c’est que vous avez supprimé les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), ce qui s’est traduit par 150 morts de plus au travail en moyenne par an. Si vous aviez une conscience – ce dont je doute –, vous auriez 150 morts sur la conscience.
Mme Sophia Chikirou
Voilà la vérité !
M. Aurélien Saintoul
La réalité, c’est qu’il y a du sang sur votre politique, et vous n’y prenez pas garde.
Mme Sophia Chikirou
Les violences, c’est vous !
M. Aurélien Saintoul
La réalité, c’est que vous êtes des êtres violents parce que vous avez fait le choix de la violence de classe.
Quant à nous, nous nous opposons à l’idée que l’on puisse travailler décemment et sans risque entre 62 et 64 ans ; tel est l’enjeu, que votre index senior évacue complètement. Nous refusons totalement l’idée que nous puissions laisser partir à la mort – parce que c’est bien de mort dont il est question – des personnes qui n’auraient pas cotisé suffisamment d’après vous, entre 62 et 64 ans. C’est la raison pour laquelle nous nous opposons à cette espèce de cautère sur une jambe de bois qu’est votre index seniors, ainsi qu’à la totalité de votre réforme. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
…/…
M. Olivier Dussopt, ministre
D’abord, un des intervenants a évoqué une question particulièrement grave : celle du nombre de morts au travail. Il est dramatiquement élevé.
M. Aurélien Saintoul
C’est de votre faute ! (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes RE, LR, Dem et HOR.)
M. Olivier Dussopt, ministre
Contrairement à ce que certains prétendent, il n’a pas évolué depuis 2017. Chaque mort est un mort de trop. Instrumentaliser cette question à l’occasion de la présentation d’un amendement d’obstruction n’est pas digne. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
M. Fabrice Brun
Le ministre a raison !
M. Aurélien Saintoul
C’est vous qui n’êtes pas digne ! Vous avez des morts sur la conscience !
…/…
M. le président
La parole est à M. Aurélien Saintoul.
M. Aurélien Saintoul
Monsieur Dussopt, nous n’espérons pas beaucoup de votre sincérité ni de votre franchise (Rumeur sur quelques bancs des groupes RE et Dem) ; néanmoins, il y a beaucoup de choses à redire.
Tout d’abord, votre index seniors est non contraignant. Vous n’avez pas répondu à notre question : par quelle enquête, par quelle étude pouvez-vous prouver qu’il aura une quelconque efficacité ?
Deuxièmement, vous refusez l’étude d’impact en nous renvoyant à l’article 10. Comment votre projet de loi est-il ficelé pour que, tout en disposant des éléments de langage nécessaires pour vendre dans les médias les 1 200 euros à toute la population, vous nous disiez aujourd’hui : « Allons à l’article 10 » ? C’est une imposture.
M. Benjamin Lucas
Exactement !
M. Aurélien Saintoul
Troisièmement, vous parlez de revalorisation pour un quart des futurs retraités. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’en sera-t-il pour ceux qui sont déjà à la retraite ? Vous refusez de répondre.
Enfin, puisque vous avez voulu parler des morts du travail, je vais donner les chiffres. Vous avez menti, encore une fois ; comme vous êtes ministre, cette félonie ne me surprend pas. (« Oh ! » et exclamations diverses sur les bancs des groupes RE et Dem. – Mme Sophia Chikirou applaudit.) En 2017, il y a eu 550 morts dans des accidents du travail ; en 2018, il y en a eu 562 ; en 2019, il y en a eu 733 – je ne compte pas les accidents de la route, évidemment. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.) Cela signifie qu’entre 2017 et 2019, le nombre d’accidents du travail causant la mort a augmenté de 33 %. Vous ne pouvez pas dire que la suppression des CHSCT n’a eu aucun effet ! Ce sont 150 orphelins, veufs et veuves en plus. (Mêmes mouvements.)
Vous avez la responsabilité de ces choix politiques. Vous êtes un imposteur et un assassin ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES. – Très vives protestations sur les bancs des groupes RE, RN, LR, Dem et HOR. – Plusieurs députés des groupes RE et Dem se lèvent et interpellent M. le président ; certains crient « Dehors ! Dehors ! » à l’adresse de M. Aurélien Saintoul.)